AUX CONFINS DE MOI-MÊME
21/03/2020
Confiné…
Amené vers les confins, le latin nous l’explique, cum+fine : vers la fin, qui touche aux limites… Se disait en droit criminel pour « la peine de l’isolement dans les prisons » (Littré, 1è édition 1863). Il s’agit donc bien, à l’origine, d’une peine au sens judiciaire du terme. Parfois, un condamné à la peine de mort pouvait se réjouir de voir sa sentence commuée en une peine de confinement.
On peut, dès lors s’interroger sur une interprétation subliminale de la situation actuelle, présentée comme telle par nos dirigeants : ce confinement dont, avouons-le, peu de gens connaissaient la vraie signification, ou bien l’avaient oubliée, ne nous est-il pas imposé comme une alternative à une mort programmée, à l’affût d’un rebelle qui viendrait refuser d’admettre le bien-fondé de l’assignation gouvernementale ? Oui, sans doute. Mais qui souhaite vraiment mourir ? Vous ?… Nous ?…
Pas moi, en tout cas.
Cette situation cependant n’est pas sans appeler un questionnement plus large sur la couple présentant comme indissociables les deux notions suivantes : sécurité et restriction de liberté.
Rappelons-nous les attentats de l’automne 2015 à Paris… Les procédures de « fichage S » et l’obscurité cachant ces pratiques, ou bien des tentatives d’entrave à la liberté de circulation dans certaines communes… Oui, bien sûr, il ne s’agit pas de la même situation de départ mais le raisonnement est clairement le même. Le lecteur ou la lectrice, ici, pourra m’opposer l’échelle de la menace, mais certainement pas la distance entre les situations.
La question qui se pose absolument, une fois celle du choix écartée puisqu’elle n’est à présent plus pertinente, c’est « Et maintenant, que vais-je faire » (1961, G. Bécaud/P. Delanoë) de tout ce temps dont je dispose, désormais ? De tout ce temps que je n’avais jamais eu… Admettons que, pour certain(e)s cela puisse être générateur d’angoisse ! En ce qui me concerne, j’ai pris l’habitude de consacrer une grande partie de ma vie à l’écriture et à la lecture, comme au calme indispensable à cette activité. Depuis des années, je me confine… volontairement. Longtemps, très longtemps, parfois.
Tout de même, une chose me gêne, à présent : la question du choix. Avant cet épisode de pandémie, lors de mes périodes de confinement volontaire,
j'ai toujours su que je pouvais y mettre fin si je le voulais et quand je le voulais.
J’étais libre.
Désormais, il me vient des poussées d’envie folle de transgresser, de sortir « même pour rien », juste pour désobéir, enfreindre, regimber quoi, pour le plaisir de m’insurger…
Le plaisir… digne rejeton du désir si l’on sait ne pas s’en contenter.
Alors il me vient l’envie folle, soudain, de retourner à l’écriture de ce chapitre rétif de mon prochain roman, de forcer le bon « ton », la bonne formulation, la bonne tournure qui seule pourra calmer à la fois le fourmillement dans les articulations de mes doigts et comblera un instant, par le plaisir obtenu de l’écriture fictionnelle, mon désir de réelle escapade.
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