Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

PARLONS MAWINATONGO, une langue de Guyane

20/10/2015

Le taki-taki revisité

 

 

1ère de couv réduite.jpg

Utilisée quotidiennement par des milliers de personnes, le Mawinatongo (la langue du Maroni) est une langue véhiculaire moderne, en pleine évolution sémantique. Autrefois et ce, pendant plus d’un siècle, elle a été dénommée taki-taki.

Il s’agit d’une langue originale, très composite, formée des langues issues des sociétés du marronnage et des peuplements créoles dans cette région du monde.

C’est un territoire en forte croissance, riche de réalités interculturelles et linguistiques foisonnantes. Le mawinatongo fait le lien entre tous et tout, à côté d’autres langues, nationales, régionales, maternelles, enseignées ou pas.

Ce livre est une invitation à découvrir ce lien en tant qu’expression plurielle d’une compréhension mutuelle, expression d’un « vivre ensemble ».


Un livre publié aux Éditions L'Harmattan

 

 En Guyane, le terme taki-taki a toujours renvoyé à différents phénomènes linguistiques et sociolinguistiques. Le sens qu’on peut socialement lui attribuer ainsi que sa nature linguistique dépendent à la fois du locuteur et de la situation dans laquelle le terme est utilisé. D’un point de vue linguistique, ce terme renvoie à une gamme importante de variétés assez différentes, allant de pratiques très simplifiées pour échanger avec des allophones (en général Européens ou Créoles guyanais) aux pratiques entre natifs (Léglise & Migge, Pratiques et représentations linguistiques en Guyane : regards croisés 133-157. Paris: IRD Editions, 2007).

Le mawinatongo ou le taki-taki revisité

Le taki-taki a longtemps été considéré comme une langue mineure, jamais réellement reconnue comme une langue à part entière parmi les langues autochtones ou maternelles créoles (à bases lexicales française ou anglaise, parfois relexifiées en néerlandais ou en portugais). Le linguiste Bernard Cerquiglini, dans un rapport rédigé pour l’Unesco, désigne onze langue de Guyane pouvant prétendre à la reconnaissance en tant que langue régionale, Parmi toutes celles-ci, une seule bénéficie de ce statut : le créole guyanais.

Au fil du temps qui passe, le taki-taki s’est imposé comme la langue véhiculaire la plus répandue, inter-compréhensible par toutes les populations dans le grand ouest guyanais et, tout particulièrement, sur les deux rives du fleuve Maroni qui forme la frontière entre la Guyane « française » et le Suriname voisin. Il s’agit donc bien d’une langue transfrontalière, commune à de nombreuses populations autochtones, endogènes ou exogènes. Elle est également employée par des milliers d’individus hors du bassin du Maroni ainsi que par les diasporas multiculturelles surinamaise et guyanaise aux Pays-Bas et aussi en France.

Cette langue est apparue peu à peu avec de nombreuses variantes. La communication entre différents peuplements devenait indispensable ne serait-ce que pour mener à bien les échanges commerciaux nécessaires. Puis les interactions linguistiques des wakaman (« l’homme qui marche », voir plus loin), passant d’une région à l’autre à la recherche de petits jobs le plus souvent saisonniers, ont durablement favorisé la diffusion de cette langue d’une part, d’autre part sa diversité linguistique et sémantique.

« Selon certains linguistes, le taki-taki engloberait le sranantongo et les variétés parlées par les Noirs Marrons habitant l’ouest de la Guyane et l’est du Suriname1. Pour d’autres chercheurs, ce terme fait référence aux langues parlées par les populations businenge, y compris les Saamaka2. Un troisième groupe de travaux définit ce terme en référence à toutes les langues des Noirs Marrons et au sranantongo. Finalement, certains chercheurs mentionnent que le terme taki-taki désigne une nouvelle langue ou une variété de langue qui serait issue du contact entre différents groupes et distincte des autres langues présentes » (Léglise, Isabelle & Migge, Bettina, 2007).

« Le terme taki-taki, très couramment utilisé, est pourtant à éviter pour deux raisons : il est dépréciatif et surtout il est ambigu, puisqu’il peut désigner alternativement n’importe lequel des parlers businenge, mais aussi le sranantongo, ou [encore…] la langue du fleuve en constitution sur le Maroni et à Saint-Laurent du Maroni, [même] chez les populations non-businenge » (Les langues de Guyane, Collectif, 2000).

Et c’est bien là que se trouve l’enjeu à défendre ; cette langue est véhiculaire, parlée et comprise par tous. Il s’agit bien là d’une langue désethnicisée et territorialisée.

 

1 Acception réductrice. uros Cette langue n’est pas seulement parlée par les populations noires.

2 idem note 1

Mamabobi logo.jpgParlons mawinatongo (Taki mawinatongo), Le taki-taki revisité

Joël Roy-Mama Bobi

Éditions L'harmattan, octobre 2015

ISBN:9782343072722

171 pages - 19 euros

En vente dans les bonnes librairies ou ici (site de l'éditeur)

 

Cliquez ici pour consulter d'autres articles de la catégorie Mes livres publiés

 

Consultez ici  les livres dont le Témoin en Guyane est l'auteur ! 


28/10/2015
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 92 autres membres