CHRONIQUE D'UN IMMIGRÉ
05/12/2015
Source : Ramir ALMEIDA
Ramir est un immigré, comment dire... especial. Il est brésilien mais vit en Guyane, où il est artiste lyrique et professeur de chant.
Surtout, ce qui en fait un immigré atypique, c'est qu'il ouvre sa gueule. Je ne peux pas résister au plaisir que m'apporte le fait de partager sa pensée iconoclaste.
La montée du Front National en Guyane et la politique du vote contre des dentiers...
« Pardon ? Nous n'avons pas de parti d'extrême droite en Guyane ?
« Oui, c'est vrai, dans le pays Guyane, nous nous battons contre le racisme (la discrimination) et contre les idées préconçues. On s'inscrit dans un long héritage anticolonialiste qui valorise les libertés individuelles et le respect de l'homme.
« Si c'est le cas, il faut le dire à toute cette bande de candidats à la CTG qui, soit vous prennent tous par des demeurés, soit ont un discours très bien ficelé qui est adressé à un électorat minable et opportuniste.
Je clarifie :
1- Plusieurs, sinon tous les candidats à la CTG s'attaquent à ce que nombre parmi eux ont appelé le "problème d'immigration massive en Guyane". Il est vrai que lors de la grande vague d'immigration du XXè siècle dû à l'exploitation de l'or, on a eu une hausse d'arrivants caribéens (on compte les Guadeloupéens et Martiniquais ou pas ?) et sud-américains et toutes les années on en a d'autres qui viennent. Mais... Quelle légitimité aura le président de la CTG pour décider quoi faire des politiques de sécurité intérieure ? N'est-ce pas plutôt de la compétence d'un ministre de l'intérieur, nommé suite à l'élection d'un président et qui répondra aux lois qui seront proposées par les ministres, puis votées par députés et sénateurs ? C'est quoi cet imbroglio politique hors propos ? A kouman sa ? Oui, c'est du POPULISME !
2- Ensuite, les candidats s'intéressent aux "marchés publics" et à la "commande de l'État". J'ai déjà écrit là-dessus, et je répète : Ce n'est pas de l'économie réelle, mais de l’autophagie ! Soutenir un tel discours d'assistanat déguisé n'est vraiment pas ce dont on a besoin, désolé les bladas.
L'Etat français et ses fonctionnaires ne peuvent pas être les "clients-type" des entreprises Guyanaises, (je compte les patrons nés ailleurs qu'en Guyane, ou pas ?), bon sang, nous ne sommes pas une colonie ! Ayez un peu de respect pour la départementalisation de 1948 ! S'il faut faire du lobbying, et grave, c'est pour permettre à la Guyane d'absorber la richesse de l'Amérique du Sud, allez, débutons notre thérapie de choc contre la schizophrénie, nous ne sommes pas sur le continent Européen. Nous, la Guyane n'est pas une nation, mais un département français. Je comprends que c'est compliqué, mais il faut y aller quand même...
3- À croire finalement qu'il n'y a que quatre catégories d’électeurs en Guyane :
- Les fonctionnaires titulaires, difficiles à convaincre ;
- Les personnels contractuels de la fonction publique territoriale, manipulables librement par les candidats ;
- Des travailleurs libéraux qui répondent aux marchés publics de l'Etat, qui doivent être rassurés par des promesses ridicules et communautaires de "préférence locale" ;
- Les assistés qui n'arrivent pas à s'en sortir et que, si on leur donne un bouc émissaire pour taper dessus et si on leur promet de gros cadeaux, font ce qu'on veut.
4- La jeunesse, ah la jeunesse... Écoutez, je vais me répéter encore : se former pour devenir cadre de plusieurs administrations, enseignant du premier degré et bien d'autres métiers, on peut faire à distance et pas cher. Vous avez envie que la jeunesse soit au courant ? Faites circuler les informations ! Dites à tout le monde qu'on a, en Guyane, un DEAU, le CASNAV, un ESPE, une école doctorale, plusieurs licences, l'antenne universitaire de Saint Laurent du Maroni, l'IUT de Kourou, les validations d'acquis encadrées par le Rectorat et par l'Université et toutes ces innombrables possibilités diplômantes à distance qui ont fait bien plus que les diplômés en "métropole" et partout ailleurs !
« Malgré toutes les immenses difficultés structurelles du territoire, les instituteurs font un travail de ouf, les enseignants du second degré arrivent quand même à tirer de bons résultats au BAC, il y a des efforts à faire pour donner l'école à tous les enfants et jeunes, mais pour la formation des adultes - arrêtez d'en faire un instrument politique ! Il y en a marre ! J'en connais plus d'un,vivant dans les "communes", qui a réussi par "piston" (ou par hasard, NdTémoin) à savoir qu'on pouvait s'inscrire à une fac à distance et réussir sa formation. EH OUI ! Voilà !
« Je le répète, je ne vote pas en France, je suis toujours un Immigré (je garderai toujours l’appellation IMMIGRÉ (et pas EXPATRIÉ), même si je suis blanc, que j'ai deux licences, que je continue à faire des études et tout le reste... Je me considère pareil aux haïtiens, dominicains et brésiliens orpailleurs que ces candidats attaquent sans aucun complexe. Ils me visent directement aussi. Malgré mon statut d'Immigré, je ne peux pas me permettre de voir un tel déploiement de barbarie politique et faire comme si de rien n'était.
« Vous qui pouvez voter - faites-le dimanche ! Mais choisissez vos candidats en fonction de ce qu'ils pourront faire réellement pour désenclaver la Guyane ! Ne vous laissez pas impressionner par des recettes magiques, les discours extrêmes, les confusions de compétences politiques, ça ne va pas marcher.
Voilà le dernier mot d'un immigré qui connaît ce qui se passe dans un pays où on donne son vote contre des dentiers, une jument ou une affectation sur poste vacant de catégorie C dans la mairie d'un copain...
« Bisous made in Brazil ».
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