UN COMMUNIQUÉ DE MAMA BOBI : DÉCONTENANCES PSYCHO-SOCIALES ET MARRONNABILITÉ (1/3)
18/09/2016
Source : Mama Bobi
Fondée il y a 25 ans par des érudits du bas-Maroni, sur l’impulsion des Autorités Coutumières dans un contexte de guerre civile au Suriname, privilégiant l’utilisation du Mawinatongo (anciennement dénommé Taki-taki), langue véhiculaire propre à toutes les communautés de la vallée, Mama Bobi (le sein maternel) a choisi l’interculturalité comme méthodologie de transmission des connaissances, ethnosciences et valeurs des sociétés issues du Marronnage. Il s’agit d’enseigner et de promouvoir les compétences nécessaires à l’élaboration d’un modèle d’intégration pluraliste. Tous les programmes imaginés et mis en œuvre par le Centre de Formation (agréé en 2000) confortent une ambition transfrontalière de cohésion sociale en des domaines variés et innovateurs. Pour cela, des stratégies d’ « Éducation Populaire » sur le long terme conçues comme formation tout au long de la vie s’attachent à proposer des solutions aux principaux problèmes pouvant se révéler dans la sous région :
- un plan pour une pluri-appartenance culturelle ;
- des techniques avérées de gestion coutumière des ressources naturelles et de la bio-diversité ;
- des objectifs bien définis (diagnostic partagé et mobilisation populaire) en Santé Communautaire ; lutte anti-vectorielle, contre le HIV, etc.
- des projets consensuels pour la maitrise en demande d’énergie, la gestion des déchets domestiques, etc.
- la relecture de l’Histoire commune aux peuples de la vallée du Maroni, en insistant sur les Traditions Orales et les Archives décentralisées.
L’accent est mis en ces différentes stratégies et méthodes sur la transmission intergénérationnelle en favorisant toujours les possibilités d’intégration dans des secteurs encore peu exploités (agroforesterie, Artisanat d’art, écotourisme, enseignement de l’Histoire locale), et en alternative à une inquiétante mal insertion de bon nombre parmi les jeunes générations, en favorisant l’expression des expériences acquises. En orientant par exemple les jeunes en errance, les décrocheurs, les jeunes en souffrance psychique vers des domaines mieux structurant de la personne à travers des services solidaires d’entraide et de pair-aidance dans les villages et kampu dont certains sont originaires.
Mama Bobi propose donc tout au long de l’année des centaines d’heures de formation originales en langue locale évaluant et revalorisant les différents héritages, hors toute compétition avec les circuits habituels, lesquels ne débouchent pas toujours sur le marché du travail ni ne confortent le développement et l’épanouissement personnel de chacun. Les formations proposées par Mama Bobi s’inscrivent naturellement dans un processus de formation continue individualisée et un suivi personnalisé dans la perspective d’une intégration citoyenne et égalitaire dans l’Ouest Guyanais.
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Rappel : 150 000 habitants dans l’Ouest à l’horizon 2025, 70 % de moins de 25 ans, 80 % d’allophones… un défi.
Notre équipe de terrain, interculturelle et linguistique (Mawinatongo), depuis plusieurs années déjà s’est formée au cas par cas en des situations souvent d’urgence et/ou de réelle souffrance psychique des bénéficiaires de nos accompagnements. Jeunes adultes pour la plupart ayant eu déjà à faire aux différents services de l’Etat et/ou structures adaptées à leur cas… Nos premières prises en charge transculturelles remontent aux années 1990. Avec l’AAE (Association Action Éducative) sous la tutelle du Capitaine Anapaye reconnue alors famille d’accueil au sens large sur Apatou. Aujourd’hui encore, plus de 90% des jeunes suivis par l’ASE dans l’Ouest sont originaires du fleuve alors que les familles d’accueil de langue et de culture identiques se comptent toujours sur les doigts d’une main.
Dès les années 2000 une réelle formation à l’accueil des cas difficiles sur le fleuve a été imaginée sur un plan strictement transculturel par Mama Bobi.
Ceci en dehors de toutes implications légales, psychothérapeutiques, judiciaires ou autres. Des dizaines de cas. Une expérience d’intelligence collective et de solidarité presque totalement ignorée ici par les professionnels en Guyane mais qui est déjà l’objet d’études universitaires. Au même titre que la Médiation Interculturelle avancée, la psychothérapie/ psychologie communautaire dans leur application au quotidien dans l’Ouest Guyanais sont bien connues et reconnues dans par exemple le cadre de coopération transfrontalière, entre-autres.
Ici le turn-over des services de l’État (Préfecture, Justice, ARS, etc) et autres décideurs, sert finalement la réputation marginale de ces initiatives psycho-sociales. Alternatives interculturelles et linguistiques aux interventions exogènes et la plupart du temps agressives envers nos cultures locales. On ne contrôle pas ce que l’on veut ignorer…
Ce que nous proposons d’une rive l’autre du Maroni et notamment à travers le Réseau Makandi Makandra, et ce depuis un quart de siècle, reste original, inclassable, innovant et totalement décomplexé.
Les publics ciblés restent ici les yunku wan, les jeunes et jeunes-adultes, décrocheurs, délinquants primaires, individus mal-insérés en souffrance psychique d’origine psycho-sociale voire pour certains, en addiction sévère. Au moins 4 structures en ce réseau transfrontalier confortent les cliniques individuelles et/ou collectives sur le terrain et/ou à domicile.
1. Addict’ouest, qui depuis 2003 fait le lien entre les familles et le Centre Go sa kon (Mongoe) lors d’une cure ou d’un sevrage personnalisé long et difficile.
2. Immun’ouest qui depuis 2003 assure un accompagnement spécifique en pairaidance et un hébergement temporaire envers un public coopté (Ethnopsy).
3. La Phytothèque du Maroni qui depuis 1990 assure sur le très long terme le suivi attentif des prises en charges transculturelles notamment par la phytothérapie et par l’analyse transculturelle et/ou systémique.
4. Prometra Guyane qui assure le lien entre les intervenants des différentes approches susnommées (Guérisseurs, Phytothérapeutes, Chamanes, etc.).
La cohérence de ces approches réside dans l’efficacité des méthodes et s’évalue dans la pertinence des résultats. Ici l'on parie sur la réinsertion, la réhabilitation. Car comme l’indique et l’exige la Tradition Efi a Obia bun wi o si na a koti : Si le remède est bon, c'est à l'usage qu'on le voit.
LANGA PASI NO MAN BROKO MANBAKA
Ce n'est pas la longueur de chemin qui peut arrêter l'homme
à suivre :
le deuxième volet de notre présentation de Mama Bobi
Coopération régionale et proximité
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