Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

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L'INTERVENTION TÉLÉVISÉE DE DILMA ROUSSEF, TRÈS ATTENDUE

23/06/2013

Synthèse et commentaires

Source : l'excellent site de Benjamin Borghesio

http://www.borghesio.fr/

 

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Sur les manifestations, le maintien de l'ordre.

Dilma Rousseff a averti qu'elle ne laisserait pas une « minorité violente entacher un mouvement démocratique et pacifique », en se référant aux pillages commis surtout à Rio de janeiro, en marge des manifestations qui ont réuni 1,2 million de personnes dans le pays. Elle a condamné avec vigueur « toute forme de violence et de vandalisme ». « Je serai intransigeante envers la violence et le désordre », en promettant néanmoins de garantir le droit et la liberté de tous à manifester. « Le gouvernement ne peut accepter qu'une minorité violente et autoritaire détruise le patrimoine public et privé, attaque des temples, incendie des voitures, lance des pierres sur des autobus et tente de semer le chaos dans nos principales villes »... Promesses un peu vaines puisque le maintien de l'ordre ne dépend pas du pouvoir fédéral (sauf à déclarer l'état de siège et mobiliser l'armée, mais quel signal cela serait !).

Dilma Roussef a fait complètement fausse route quand elle a évoqué les menaces qui pesaient sur l'organisation de la Coupe du monde de 2014 et rappelé, avec des trémolos dans la voix, les cinq titres de la Seleçao dans cette compétition : cette semi menace de ne pas pouvoir organiser l'évènement a laissé les téléspectateurs hilares devant ce chantage.

2-copie-7.jpgSur la corruption et le fonctionnement des institutions

La Présidente a annoncé que le Brésil « oxygénerait son système politique » en trouvant « des mécanismes pour rendre les institutions plus transparentes, plus résistantes aux déviances, et surtout plus perméables à l'influence de la société ». « Nous avons besoin, mais vraiment besoin, de moyens plus efficaces pour combattre la corruption », a poursuivi Dilma, qui a limogé sept ministres soupçonnés de corruption depuis son arrivée au pouvoir en 2011.

Ce n'est jamais que ce que tout le monde déclare depuis la fin de la dictature, mais le maintien d'un système électoral tel que les partis qui s'appuient justement sur le népotisme et la corruption sont indispensables pour constituer une majorité de travail, et assez fort pour empêcher une évolution institutionnelle qui les mettrait de côté permet de laisser l'auditeur sceptique : seul un changement insurrectionnel permettra d'amender cette constitution bloquée.

Elle a enfin défendu les dépenses engagées pour l'organisation du Mondial 2014, cibles des critiques de nombreux manifestants. « Je veux préciser que l'argent dépensé dans les stades par le gouvernement fédéral [...] sera dûment remboursé par les entreprises et les gouvernements des États qui les exploiteront ». « Je ne permettrai jamais que les deniers du gouvernement fédéral [...] négligent les secteurs prioritaires comme la santé et l'éducation », a-t-elle assuré. « Nous allons faire une grande Coupe du monde ! ».

Les gouvernements des états sont déjà passés la sébile en main avec succès, pour obtenir des rallonges. Qui, dans ces conditions est crédible, pour jurer que dans le futur ce ne sera pas le cas, d'autant plus que les programmes de santé et d'éducation unanimement revendiqués sont de leur ressort ? Il leur sera facile d'évoquer les déficits pour ne pas les mettre en œuvre... Quant aux entreprises, il leur restera toujours l'opportunité du dépôt de bilan, une fois les événements passés et le cash récolté.

Sur la crise de la représentativité.

Dilma Roussef a annoncé qu'elle recevrait « les leaders des manifestations pacifiques, les représentants des organisations de jeunes, des syndicats, des mouvements de travailleurs, des associations populaires ». « Nous avons besoin de leur contributions [...], de leur énergie et créativité, de leur pari sur l'avenir et de leur capacité à remettre en question les erreurs du passé et du présent ».

Vaste programme... mais pour le moment ce qui unit les manifestants, c'est à la fois le rejet des appareils traditionnels englués dans le système dont ils ont profité, et qui étaient si éloignés du peuple qu'ils n'ont rien vu venir (cela inclut dirigeants politiques et syndicaux) et l'union autour des grands thèmes de lutte contre la corruption, pour le vrai développement du pays. Il faudra prendre le temps de laisser émerger de nouveaux interlocuteurs (cela prendra des mois) et si les caciques du passé tentent la moindre récupération, cela créera encore plus de défiance.

Le point négatif... Pour le moment, on ne voit pas naître d'interlocuteurs fiables.

Le point positif... Aucune émergence d'un sinistre clown comme Peppe Grillo en Italie.

Beaucoup de choses dépendront du succès (ou non) de la grève générale prévue le 26 juin prochain.

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23/06/2013
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