LES SINGES HURLEURS SUR L'AUTRE RIVE
11/02/2014
Christophe Mercier
Racisme rampant :
Monsieur l'auteur, attention à ce que vous écrivez, tout de même !
Chers lecteurs du Témoin en Guyane, vous n'aurez pas besoin de lire ce livre si...
- Vous pensez que les autres, ceux qui ne vivent pas comme vous, les Noirs, les Jaunes, les Bleus, les Verts... n'ont rien à nous dire, et inversement. Nous sommes étrangers.
- Vous pensez que « La Guyane est une fleur carnivore », qu'à la longue, elle détruit en les transformant en loques ceux qui ne sont pas noirs.
Si vous pensez cela, ce roman vous confortera dans ces deux idées, qui cachent un regard extérieur, occidental bien sûr, qui reste à la surface des choses.
Qu'ai-je lu dans ce livre ?
Les « Noirs » sont des êtres frustres, revanchards et narquois, qui n'acceptent la présence de l'Homme blanc que contraints et forcés. De plus ils sont alcooliques et drogués, et les femmes, sous l'emprise de l'alcool, frappent leurs enfants de telle façon que ceux-ci ne doivent leur salut qu'à la présence de la femme de l'instituteur qui s'ennuie tellement qu'elle leur prépare du chocolat chaud et des tartines (parce qu'en plus, leurs mères ne les nourrissent pas). Les Blancs, ne pouvant se retrouver qu'entre eux, boivent aussi, mais eux ont une excuse : c'est parce que le pays-Guyane et ses habitants sont par trop étouffants.
La situation, les personnages : les Noirs sont des « hommes noirs ». Les Blancs ont tous un prénom. Exception faite de deux « enfants noirs » qui commettent la transgression suprême : ils s'attachent à un Blanc. Encore, cet attachement est intéressé (ce sont des « enfants noirs »), et ce Blanc-là les accepte comme dérivatif au vide (pas au chagrin) que lui a laissé sa femme repartie en métropole parce qu'elle s'ennuyait trop (les plus punis seront les « enfants noirs » désormais privés de chocolat chaud).
Analyse : Vous l'aurez deviné, les termes « homme noir » (qui empêche au niveau grammatical de mettre une majuscule au mot homme) et « enfant noir » revenant de manière récurrente dans le récit m'ont profondément agacé, choqué, même. Un Noir est une personne pourvue d'une identité, qui appartient à la population des Hommes, tout comme un Blanc, un Français, un Indien, un Brésilien, etc. Un « homme noir » n'est qu'un sujet de couleur noire. Le regard forme le jugement (Selon que vous serez puissant ou... les jugement de cour vous rendront blanc ou noir, rappelons-nous ce bon La Fontaine).
Constat : En fait, les seules épaves que j'ai trouvées dans ce livre sont les Blancs, les « expats », qui ne dessaoulent pas parfois plusieurs jours d'affilée. Ils ont tous fui la métropole avec un sac à dos empli de problèmes, un sac qui s'est alourdi au fil des mois, des années passées au bord du fleuve. Les « hommes noirs », eux, chassent, pêchent, fument le kali comme ils mangent le manioc ou les pinda qu'ils ont plantés dans l'abattis, et boivent entre eux, le soir, avant d'aller se coucher. Et la vie continue, tranquille, pour eux. À côté des Blancs, mais sans eux.
Au fait, j'ai deux questions : pourquoi un étranger venant en France est-il un immigré, alors qu'un Français vivant à l'étranger est, lui, un expatrié ?
Et puis... Si la Guyane est un département français, peut-on y être « expatrié » ? Est-on expatrié en Bretagne ou dans le Haut-Doubs ? Question de ressenti ? Attention à ce que l'on dit ou écrit, tout de même...
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