Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

Ouaaah ! Quelle écriture !...

Dès les premiers mots Julienne Salvat nous prend au piège de son filet jeté un peu au hasard. Et c’est le lecteur qui se prend les ouïes dans les mailles de son écriture odorante comme les fleurs des îles, chaude comme la terre volcanique pas encore refroidie et cruelle comme le serait une mer calme cachant bien ses meurtrières lames de fond. Pourquoi ces métaphores marines ? Parce que Julienne Salvat est une insulaire, que son style est à l’image d’un flux toujours insistant et sûr comme la marée que l’on sait inéluctable.

Dès l’incipit, le lecteur est étranglé : « Ce n’est qu’un nègre qui brûla… » L’abandon de la lecture est désormais impossible. Qu’il tente de se dégager ou qu’il poursuive, il est condamné, le lecteur, à l’interrogation, puis à la curiosité, puis à l’apaisement désolé, en fin de compte. La vie des personnages de Julienne nous a capturés.

« Majesté parvenait parfois à le couillonner […], c’était ça de pris pour confectionner culottes aux filles et short au garçon.

« La poule becquette là où elle gratte », un dicton de sa mère.

« Récurer les dalles de la cour, vider quelques seaux d’eau dans les latrines salopetées durant la nuit par le maître-pelle et ses ouvriers qui venaient de finir la cuisson des fournées du matin. Les miasmes se dispersaient, exorcisés par l’odeur du pain chaud ».