BAS LES PATTES !... NE TOUCHEZ PAS NOTRE PAYS !
21/01/2018
Je fais ici appel à toutes celles et tous ceux qui aiment notre Guyane et dont l'arme absolue est leur plume (ou leur clavier). Refusons le développement nivelant et inhumain car destructeur d'environnement.
Prenez le temps d'écrire un texte poétique, en prose ou en vers, à votre choix, qui sera publié ici, dans les colonnes du Témoin en Guyane. Vous témoignerez d'un lieu ou d'un cadre de vie, d'un événement qui vous est cher ou de personnes aux cotés de qui la vie est douce. Affirmons notre attachement à la Guyane et notre volonté indéfectible à la défendre contre toute prédation.
Aucun thème d'aucune culture ni aucune langue ne sera proscrite (votre serviteur ne pouvant parler toutes les langues de Guyane... une traduction vous sera demandée).
Si nous rassemblons suffisamment de textes, nous envisagerons la publication d'un ouvrage collectif. Vous trouverez ci-dessous ma propre participation. À vos claviers ! Vous pourrez en contact avec nous et nous transmettre nos textes au moyen du bouton "Contactez le Témoin" en haut et à gauche de la page.
Pétrole, méga-mine d'or, nouveau barrage, nous disons non !
Nou gon ké vakabonnajri ! Awa !... Stop pori kondre nanga broko manengre !...
SUR LES BORDS DE LA RIVIÈRE MANA
Dans le petit matin nuageux
Qui annonce l'averse ptoche,
La Voix s’élève, introduisant
Vedro con mio diletto du Giustino de Vivaldi.
Légère, transparente, La Voix se meut
Comme brume sut le fleuve.
À l'occasion d'une vocalise elle se fait
Irisée, comme éclairée de l'intérieur,
Produisant elle-même sa propre brillance,
Jusqu'à ce qu'une cadence vienne la reposer
À la surface de la rivière où elle se vaporise.
L'univers entier est peuplé de toutes
Les nuances improbables de vert,
Ce vert sombre qui m'attire et me trouble,
Le vert-chlorophylle qui apaise ma soif,
Un vert-argefnt qui me brûle,
Jusqu'au vert-lumière qui me console et me rassure,
Sans oublier ce vert tigré qui fait tourner le monde
En tous sens autour de moi...
Puis, survient le trille,
Hors La voix mais qui l'accueille
Et l'accompagne,
Mais d'où est-il venu ? Il est suivi
D'un sifflement, puis d'un autre.
Le musicien non identifié s'envole
Par-dessus les moucou-moucous.
Orphée serait-il toujours vivant ?
D'un continent à l'autre,
N'y aurait-il qu'un Styx à franchir ?
Les poils se hérissant
Sur toute la surface de ma peau
Piétinent ces questions désormais inutiles.
D'ailleurs, le froissement alizéen dans les feuilles
Des bananiers et les branches des grands palmiers-bâche
Appelle la pluie qui tarde à tomber...
La Voix, toujours légère, enroule
Dans de sonores fragrances
Le déferlement de sifflements, froissements, souffles
Qui voudraient emplir l'univers.
Au plus fort de cet amoureux combat
Se glisse entre les interprètes
L'Attendue, la Désirée, l'Appelée.
Douce et furtive d'abord, elle s'installe
De plus en plus confortablement, indélogeable,
Tandis que La Voix, dans son ultime
Et sublime cadence, cède la place à La Pluie,
Tant attendue, à présent consentante.
Sur les bords de la rivière Mana,
Je me suis assis et j'ai pleuré,
De bonheur.
Joël Roy, 2013
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