O MINISTRES INTÈGRES ?... O POLITIQUES INTÉGRISTES !
21/02/2015
LE FRANÇAIS EST LA LANGUE DE LA RÉPUBLIQUE
Oui, mais quelle république ?
La langue française a été inscrite dans la Constitution en tant que « langue de la République » en 1992. Depuis la Loi Deixonne en 1951 les débats ont régulièrement secoué les bancs des assemblées. Une avancée notoire, au niveau national, parue au BO du 20 avril 1995, fait apparaître une innovation de taille : la notion d’enseignement bilingue - pour le primaire -, qui se caractérise par la parité horaire entre la langue régionale et le français. On n’y trouve à ce moment mention ni des langues créoles ni des langues amérindiennes.
Un rapport établi à la demande du gouvernement de Lionel Jospin en 1999, par Bernard Cerquiglini, de la Délégation générale à la langue française, intitulé Les langues de la France, dresse une liste de 75 langues auxquelles aurait pu s'appliquer la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
La France a signé 39 articles de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires sur les 98 que comporte le texte, mais sans les ratifier. Le processus de ratification s’est interrompu en juin 1999 quand le Conseil Constitutionnel, saisi par Jacques Chirac, alors président de la République, a estimé que cette charte contenait des clauses inconstitutionnelles, incompatibles en particulier avec son article 2 :
« La langue de la République est le français.
L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.
L'hymne national est la Marseillaise.
La devise de la République est Liberté, Égalité, Fraternité.
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Il faudrait donc une modification de la Constitution pour permettre cette ratification.
la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires
Au regard de ladite charte sont réputées « langues régionales » les langues :
-
dont les locuteurs sont des citoyens du pays (donc pas des migrants même durablement établis) ;
-
qui occupent depuis un « certain temps » historique une ou plusieurs portions identifiables du territoire ;
-
qui ne sont pas des variantes dialectales de la langue nationale (éviter le morcellement de la grande proximité : les patois, les dialectes) ;
-
qui ne sont pas les langues officielles d'un autre pays.
Selon ces conditions, l’Unesco a reconnu dans l’un de ses rapports onze langues pouvant prétendre sur le département de Guyane au statut de langue régionale au même titre que le corse ou le breton. Actuellement une seule jouit de ce statut : le créole guyanais.
Un système éducatif bien-traitant ?
Il faut regarder la bientraitance, notion récente s’il en est, en fonction de plusieurs critères à mettre en action, chacun d’eux représentant une condition nécessaire, mais non suffisante :
- L’accueil des élèves et des familles ;
- La prise en compte de la spécificité culturelle comme réparation et facteur d’inclusion sociale ;
- La prise en compte des langues régionales comme richesse et levier du vivre ensemble.
Entrer dans une langue, c’est entrer dans une culture. L’enjeu est de taille : il s’agit de permettre à chaque enfant d’entrer dans le code linguistique, donc d’accéder à des savoirs autres, différents, et supplémentaires.
Les missionnaires modernes ne s'y sont pas trompés.
Le colonialisme n'est pas mort en Guyane. Il s'appuie sur trois axes : un politique, un social et un religieux.
Le religieux : dans un autre article de ce même blog, j'écrivais que les militants de Mamabobi avaient été les premiers à produire des écrits bilingues (clic !). Oui, mais dans le cadre des institutions et de la Société civile : destinés à des catégories de travailleurs sociaux travaillant face au public, informatifs destinés à encourager un comportement citoyen...En fait, les Témoins de Jéhovah ont été les premiers à traduire la Bible en «sranantongo». Puis les Adventistes. Maintenant, voyez ci-contre, les Catholiques s'y mettent également.
Et l'École ? Derrière le sacro-saint (laïque, sacro-saint laïque, nom de D... ! NdTémoin) « le français est la langue de la République » se cache tout ce que les institutions protègent comme forces réactionnaires, élitistes voire xénophobes ou racistes.
N'oublions pas que, selon toutes les projections démographiques, la population businenge dans l'Ouest guyanais avoisinera dans quelques années les 250 000 habitants, ce qui est à peu près la population totale de la Guyane, actuellement. Notre système scolaire va-t-il générer un groupe social de 250 000 relégués ?
Prenons garde à ne pas fabriquer nous-mêmes les bombes qui nous sauteront à la figure dans quelques années !
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