Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

05/09/2014

De Gaulle disait « Les Français sont des veaux »

Mon propos ici n'est pas de défendre ce qui n'est pas défendable. La prise de position récente de l'Élysée sur le conflit Israël-Gaza, la politique anti-Rroms que n'aurait pas reniée Hortefeux, les engagements guerriers bientôt aux quatre coins de la planète... Il est assez écœurant (mais peut-être rassurant) de voir sous son vrai jour la « Première dame » à laquelle nous avons échappé. Peut-on encore imaginer cette personne accompagnant celui qui, quoiqu'on en dise, reste le chef de l'État, celui qui représente la France à tous les niveaux ? De quoi avoir honte... Mais la déception déforme tout et rend injuste et déloyal, comme chacun le sait. Alors prenons son livre pour ce qu'il est. Au mieux le cri de rage d'une femme qui avait espéré les plus hautes fonctions et qui se trouve écartée... Avec raison, quand on voit le peu de dignité dont elle est capable.

Alors, comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, voici une sélection de livres que je vous recommande, écrits par un auteur sérieux (votre témoin préféré) qui n'a jamais envisagé l'écriture comme un règlement de comptes et encore moins comme une auto-analyse :

« La voix n’est plus qu’un son éraillé, à peine audible… Le souffle à   présent rauque produit par saccades un gémissement rythmé par les mâles qui s’affairent chacun leur tour, au plus vite, entre ses cuisses. Combien de temps ? combien de brutes ? Un dernier spasme, l’éclair d’une lame, un claquement sec, un infime gargouillis… Maman Ebbygay ne lutte plus. La petite ne peut plus retenir le haut-le-cœur qui l’étrangle. L’homme laisse tomber    son sabre de brousse à terre »…  Des    hommes et des femmes, un même peuple vit de part et d’autre de la frontière anti-naturelle entre deux Guyane, la française et la néerlandaise qui deviendra le Suriname. De nombreux groupes    sociaux s’y côtoient, sans pour autant que l’on puisse dire qu’ils vivent ensemble. Dans la période troublée de la deuxième moitié du XX° siècle nous suivons une lignée de quatre femmes, de la    grand-mère à la petite-fille, qui toutes à leur tour luttent contre la brutalité des hommes, pour leur survie et celle des enfants qu’elles ont portés.  Éditions L'Harmattan, 2011

Un essai intitulé « Un témoin en Guyane » et sous-titré « Observations, interrogations et réflexions autour d'une société multiculturelle ». Pouvoir redéfinir les concepts, le sens plus ou moins caché des mots, le rôle des idées, mais aussi pouvoir dénoncer, regretter, déplorer tout un état de faits pluri-centenaire, tout cela exige bien cette posture, jamais en retrait, du témoin actif. L'ambition de ce petit ouvrage est de présenter une démarche problématique qui aide à poser les bonnes questions -pour avoir une chance d'obtenir les réponses ajustées- par delà les lieux communs trop souvent répandus. La Guyane est une région française d'Outre-mer mais ouverte spécifiquement sur le continent sud-américain. Comment utiliser le potentiel économique et culturel de cette proximité ? Quel projet pour la Guyane ?  En appui du propos, au travers d'anecdotes et de témoignages, le lecteur fera la connaissance de citoyens atypiques... Éditions L'Harmattan, 2012

Ce que trouvera le lecteur dans ces pages, ce sont des histoires de femmes. C'est surtout l'histoire d'une femme, porteuse et passeuse d'un destin qui est, selon la conviction de sa grand-mère putative, une pirogue sur le fleuve qui ne peut jamais retourner à son point de départ mais qui n'arrive nulle part, sauf peut-être à la mer, où elle se perd. Destin fatal ? Vie gâchée ? Non pas. Mais un combat, assurément. Il faut combattre un environnement résistant à la pénétration, il faut batailler contre la dureté des hommes, il faut résister parfois à son homme même, il faut fuir pour survivre... Le lecteur se verra placé au cœur même du corps qui souffre ou qui jouit, dans les recoins de l'esprit qui pleure ou qui exulte, sous la peau brûlée par le soleil, griffée et taillée par les herbes coupantes, mais qui peut aussi briller dans la lumière du fleuve et inviter ainsi à la sensualité d'un moment d'apaisement. Éditions L'Harmattan, 2013

Dans les années quatre vingt, à Amsterdam, une femme d’origine surinamaise fut prise en charge par la psychiatrie. Depuis longtemps déjà, sans doute depuis son enfance, elle présentait des troubles de conscience se manifestant par des crises et des maux de tête, qui étaient anciens. Après quelques années ses crises avaient fini par la conduire en service psychiatrique hospitalier. Comme elle était en grande souffrance, on a dû la médicamenter, ce qui troublait et inquiétait son mari. Lui et son entourage finirent par se poser des questions sur l’origine de ces crises ressemblant de plus en plus à des possessions. C’était un délire qui n’était pas seulement un enchaînement de crises d’hystérie, mais structuré, avec des comportements répétitifs.

 [...] Le Winti auquel il est ici fait référence, est la conséquence de la cohabitation de divers panthéons africains qui ont tendu peu à peu vers un certain syncrétisme, mais beaucoup moins que le vaudou ou le kandomblé avec l’église catholique. En vérité, le winti serait un syncrétisme africain, à partir de panthéons d’origines géographiques différentes, mais qui ont en commun la possession et la réincarnation, sans pratiquement aucun emprunt au monothéisme,. La réincarnation étant en quelque sorte la dimension la plus évidente, je crois, de la possession permanente.

Possession, médiumnité, réincarnation. C’est une praxis qui provoque et procure le sens de « tout en tout ». Le reste de l’histoire appartient au livre que le lecteur aura en mains. Éditions L'Harmattan, 2014