Lire : LE CAMP DES SAINTS
16/04/2015
Dans la nuit, au midi de notre pays, cent navires se sont échoués volontairement, chargés d'un million d'immigrants. Ils viennent chercher l'espérance. Ils inspirent la pitié. Ils sont faibles... Ils ont la puissance du nombre.
Mais ils sont l'Autre, c'est-à-dire la multitude, l'avant-garde de la multitude. Une multitude différente, autre pensée, autres valeurs, rien qu'en existant, ils menacent l'ordre occidental blanc, bien établi et si confortable.
À tous les niveaux de la conscience universelle, on se pose alors la question : que faire ? Il est trop tard.
Paru pour la première fois en 1973, Le Camp des Saints, qui est un roman, relevait de la fiction. De nos jours il est devenu la réalité. Nous sommes, tous, les acteurs du Camp des Saints. C'est notre destin que ce livre raconte, notre inconscience et notre acquiescement à ce qui va nous dissoudre.
Le Camp des Saints est le livre qui a fait connaître Jean Raspail au grand public. Il révélait la fascination de l'auteur pour les causes perdues et les peuples disparus, une fascination qu'on continuera d'observer à travers la suite de son œuvre. « Y a-t-il un avenir pour l'Occident ? » demandait-il à l'époque. Certains ont été choqués par la façon dont la question était posée, d'autres, en France comme à l'étranger, ont parlé d'œuvre prophétique. « On n'épousera ou on n'épousera pas le point de vue de Jean Raspail, pouvait-on lire sur la quatrième de couverture de la première édition. Au moins le discutera-t-on, et passionnément ». Plus le temps passe et plus le débat gagne en actualité.
Ce livre est prémonitoire sur l'absence de maîtrise de l'immigration de masse dans le sens où il analyse bien la lâcheté des politiques et la complicité des médias. Sa description des plus démunis tout comme des réactions des pays du nord est hallucinante dans sa crudité. Je ne peux m'empêcher de vous en livrer ici deux passages significatifs :
« Depuis la base de São Tomé, décida la Commission de Rome, on ravitaillerait l’armada. Ce que les Africains du Sud avaient manqué, on le tenterait à nouveau, mais entre gens de bien, pour la bonne cause. On montrerait à ces malheureux, et au monde entier, le vrai visage de la race blanche ! Sur l'aérodrome de São Tomé, ce fut aussitôt la ruée. Le carrousel de la charité, cent avions attendant leur tour d`atterrir sous le ciel plombé de l’équateur. La curée ! Un morceau de choix de bons sentiments. Une pièce montée d'altruisme. Un chef-d'œuvre de pâtisserie humanitaire, fourré d`antiracisme à la crème, nappé d’égalitarisme sucré, lardé de remords à la vanille, avec cette inscription gracieuse festonnée en guirlandes de caramel : mea culpa ! Un gâteau particulièrement écœurant. Chacun voulut être le premier à y mordre. Poussez pas ! Il y en aura pour tout le monde ! Jolie fête. L'essentiel était d’en être, l’important de se montrer, le principal restant évidemment de le faire savoir »..
Plus loin :
« Qu'y avait-il de commun entre eux [nègres à cravates] et le pauv'nègre à balai ? La couleur de peau ? Voire ! Ces Noirs de luxe enrageaient de buter à chaque instant, au cœur de cette capitale témoin de leur succès - sur les trottoirs, au sortir des égouts ou derrière les bennes des services d'hygiène - sur leurs doubles loqueteux, aíïamés, transis, dont la peau noire, bradée à bas prix, injuriait cette négritude qu'ils plaçaient si haut.
Plaignons-les. Cette nuit-là, ils forment le centre d`un réseau de haine proprement insoutenable : aversion qu'ils portent aux Blancs ; répulsion envers leurs frères de l'ombre ; et surtout, cette haine du prolétaire noir les traquant jusqu'en France, eux qui avaient échappé au destin de la race dans le sillage des Blancs ».
Si, d'une certaine façon, Le Camp des Saints est, à ce jour, le livre le plus ambitieux de Jean Raspail, c'est aussi, sans conteste, le plus controversé. À l'époque de sa publication, on a dit un peu tout et n'importe quoi, à son sujet, comme il fallait du reste s'y attendre... On ne peut aborder un thème aussi délicat, aussi sensible, sans s'attirer les foudres des bien-pensants... Dans sa simplicité, l'idée de base du roman pose évidemment une question énorme : Que faire si, demain, un million, des millions d'affamés décidaient de venir se rassasier chez nous, ici, en Occident ? Tel est, sans doute, le premier mérite du roman de Jean Raspail : poser la question. Question dérangeante, s'il en est.
Jean Raspail a souvent été catalogué comme un écrivain de droite, et il l'est sans doute.
Il a cependant deux atouts énormes en tant qu'écrivain : tout d'abord une lucidité froide, intense, qui lui permet de développer un scénario sans faille. Ensuite une superbe qualité d'écriture, qui nous amène à dévorer son texte et à le savourer, rendant ainsi moins amers les constats affligeants qu'il décline.
Monsieur Raspail n'a ni froid aux yeux ni peur des mots. J'ai été bouleversé cul par-dessus tête en lisant ce livre.
Le Camp des Saints, de Jean Raspail
Éditions Robert Laffont,
première édition 1973
ISBN : 9782221123966
394 pages, 22,50 €
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