AU PÉROU, LA CONFÉRENCE DE L'ONU SUR LE CLIMAT : LA REVENDICATION AMÉRINDIENNE
09/12/2014
Source : AFP
Les peuples indigènes, particulièrement en Amérique latine, revendiquent la sécurisation juridique de leurs territoires ancestraux, meilleur frein, selon eux, à la crise climatique.
Les populations autochtones sont les plus exposées, car elles vivent généralement dans les zones les plus affectées par le changement climatique», relève Hugo Cabieses, ex-ministre de l'Environnement du Pérou.
C'est sur ce thème crucial pour l'avenir de la planète que la communauté internationale s'est retrouvée à Lima pour la 20e conférence annuelle de l'ONU sur le climat (COP), qui vise à établir en deux semaines les bases d'un accord afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
La forêt amazonienne recouvre 60% du territoire du Pérou et selon les scientifiques, elle pompe plus de dioxyde de carbone qu'elle n'en rejette dans l'atmosphère, atténuant ainsi le réchauffement climatique.
L'engagement des peuples indigènes pour la conservation a « une incidence directe sur leur existence car ils sentent beaucoup plus l'impact de la pollution notamment, qui les contraint à des changements de mode de vie », relève Jorge Caillaux, président de la Société péruvienne du droit de l'environnement. « Pour les indigènes, la COP représentera la grande opportunité d'insister sur leurs droits à la propriété ou la mise en place d'un système de consultation préalable ». Mais au Pérou, dénonce-t-il, « le système de la propriété repose sur une grande corruption, à la fois de la part des gouvernements locaux et du système judiciaire ».
Une dette historique
Des défenseurs de l'Amazonie péruvienne ont déjà réclamé 20 millions d'hectares de forêt à l'occasion de la Conférence de l'ONU.
« C'est une dette historique de l'Etat péruvien envers les peuples de l'Amazonie », affirme le leader indigène Alberto Pizango, président de l'Association interethnique de la Jungle péruvienne (AIDESEP). Selon lui, 1.160 communautés autochtones revendiquent des titres de propriété sur leur territoire en Amazonie, afin de garantir la sécurité juridique pour les individus et une meilleure utilisation du sol.
« L'Amazonie est la région la plus touchée par le changement climatique. Les forêts tropicales sont éradiquées et deviennent des exploitations forestières illégales », ajoute-t-il.
Un lourd tribut
Les communautés indigènes de cette région ont payé un lourd tribut à la lutte inégale contre l'exploitation forestière illégale ou les chercheurs d'or clandestins, face à l'impuissance ou la complicité des autorités locales.
En septembre, le leader indigène Edwin Chota Valera et trois autres dirigeants de la communauté Ashaninka qui luttaient contre la déforestation en Amazonie ont été tués dans la région d'Ucayali, au nord du Pérou (voir notre article du 12/09/2014 NdTémoin).
« Sans la forêt, nous ne pouvons pas vivre, sans elle, nous allons perdre notre eau, notre air, avoir faim », se lamentaient récemment les quatre veuves des leaders assassinés, venues demander justice et plaider leur cause dans la capitale péruvienne, réclamant notamment des titres de propriété foncière.
Le cas de Cajamarca
Un autre cas emblématique, dans le nord du Pérou, près de Cajamarca, oppose depuis 2011 le projet minier Conga, porté par le géant américain Newmont, et les communautés locales en raison de risques pour l'environnement et les ressources en eau potable.
Après la conférence de Varsovie en 2013 et avant celle, cruciale, de Paris, les pourparlers de Lima sont appelés à conclure un accord faisant progresser la lutte contre le réchauffement, selon une feuille de route fixée lors de la conférence de Durban en 2011.
En parallèle à la COP se tiendra un Sommet des Peuples, regroupant ONG et représentants de communautés indigène.
Parmi les dix plus vulnérables
Un Pavillon Indigène doit également rassembler des représentants venus du monde entier, comme les peuples autochtones pygmées du Nord Kivu ou les habitants d'archipels d'Indonésie, qui luttent pour la survie de leur forêt tropicale.
Le Pérou est parmi les dix pays les plus vulnérables au changement climatique en raison de son incroyable biodiversité, la richesse de sa faune et de sa flore. Il comprend 27 des 32 types de climats répertoriés dans le monde. « Nous ne voulons pas être les dernières générations d'être humains à vivre avec des communautés indigènes et partager leur connaissance ancestrale du monde », prévient Carlos Loret de Mola, un expert du ministère de l'Environnement péruvien et organisateur de la COP.
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