DILMA RÉÉLUE PRÉSIDENTE DU BRÉSIL POUR QUATRE ANS
27/10/2014
Même si le ralentissement économique est avéré (le taux de croissance cette année sera le plus bas depuis les années Lula), les Brésiliens n'en ont pas encore vraiment senti les effets, et les grandes manifestations des mois derniers ont été avalées par la coupe du monde.
Le quart de la population reçoit la Bolsa Família, une aide mensuelle en espèces qui a permis d’extraire 36 millions de personnes de l’extrême pauvreté. Certes, 72% des Brésiliens appelaient au changement, mais pour 45% d’entre eux, Dilma était la plus habilitée à le mettre en œuvre.
Et la corruption ?
En général, la corruption influe peu car elle touche tous les partis. Mais, cette fois, les accusations portaient sur des malversations au sein de la compagnie pétrolière publique Petrobras, fierté nationale. S’y ajoutaient l’usure du pouvoir, l’économie en berne, le manque de charisme de Dilma Rousseff qui, de surcroît, a suspendu la publication de plusieurs indicateurs sociaux avant le scrutin par crainte de compromettre ses chances : tous les ingrédients étaient là pour une victoire de l’opposition, qui sort revigorée du scrutin. Mais la chef de l’Etat a réussi à mettre sur la défensive Aécio Neves, en laissant entendre qu’il démantèlerait les politiques sociales. En agitant aussi le spectre d’un retour aux cures d’austérité du gouvernement de Fernando Henrique Cardoso (1995-2002), lui aussi du PSDB » (in Libération du 27/10/2014).La contestation sociale de juin 2013 ?
« Elle n’est plus qu’un lointain souvenir mais le mécontentement couve en raison du délabrement des services publics, une responsabilité partagée entre les trois sphères de gouvernement. La Présidente a fait appel à des médecins cubains pour soigner dans les déserts médicaux. Elle affirme avoir investi l’équivalent de 45 milliards d’euros dans les transports en commun. Maintenant, Dilma remet sur le tapis la refonte du système électoral pour réduire la corruption, une réforme nécessaire, mais que les parlementaires n’ont jamais acceptée jusqu’ici » (in Libération du 27/10/2014).
Je ne me hasarderai pas ici à une analyse socio-politico-économique après cette élection. Tous les médias, des plus people aux plus sérieux s'y sont risqués, avec plus ou moins d'intelligence, plus ou moins d'honnêteté, aussi. Je me limiterai ici à évoquer un oubli général : si tous ont glosé sur les programmes possibles ou indispensables au pays (rassurer les investisseurs en coupant dans les dépenses sociales, lutter contre la corruption... rien que de très original et jamais vu), aucun, aucun média n'a fait référence à l'avenir des peuples autochtones, ces citoyens du Pays Brésil.
Quid du zonage de leurs terres que les peuples amérindiens réclament depuis longtemps ?
Quid des grands travaux (Belo Monte...) ?
Quid de la collusion avec des entreprises aux comportements douteux (Petrobras et autres, brésiliennes ou étrangères comme EDF Suez ou Alstom), qui continuent à faire la sourde oreille à la protestation qui va grandissant au fil du temps, mais qui comptent multiplier ces projets dans les prochaines décennies ?
Je publiai sur ce blog il y a trois jours la Lettre aux peuples autochtones du Brésil envoyée par Dilma aux représentants des communautés. Si les médias se désintéressent de leur avenir, d'autres s'en préoccupent et sauront se rappeler au souvenir de la présidente mais... parions sur sa bonne foi et gageons qu'elle saura se le rappeler toute seule...
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