LA GUYANE SOUS CLOCHE ? ALLONS DONC !
15/05/2024
La faute de la France, ou de la Guyane ?
Même si je n’achète pas très souvent des journaux de la presse écrite, je lis tout de même tout ce qui me tombe sous la main. C’est donc ainsi que, découvrant chez un ami la feuille en quatre pages nommée RÒT KOZÉ, émanant du MDES[1] en date de janvier-février 2024. Je suis tombé sur ce titre de la rubrique « politique » qui étalait sur quatre colonnes : « Pourquoi la Guyane est maintenue sous cloche ? »
Toujours d’après ce journal, la responsabilité en incomberait aux mauvais chiffres dus à l’Hexagone lui-même et non à la situation locale de la Guyane qui continuerait d’empirer… Là où je trouve une première contradiction, c’est lorsque je lis que la situation locale continue de se dégrader, quels que soient les rapports avec Paris et les tendances gouvernementales.
Alors, la faute de la France, ou de la Guyane ?
Interrogeons-nous d'abord sur le poids que représente la Guyane dans les rapports de force sociaux et commerciaux mondiaux et européens ?
Au 1er janvier 2024 :
- La France hexagonale compte 66,1 millions d’habitants
- La population française en compte 2,2 millions dans les cinq départements d'outre-mer
- Pour un total 68,4 millions d'habitants.
À peine plus de deux millions d’habitants, dont tous ne sont pas des militants, répartis sur cinq confettis de la république coloniale !
Interrogeons-nous ensuite sur le poids que peuvent représenter trois cent mille Guyanais mécontents (mais, je le rappelle, pas tous prêts à revendiquer pour leur cause auprès de la tutelle coloniale), face à la vague de contestation des agriculteurs pendant l’hiver dernier, en France hexagonale, mais aussi dans nombre de pays d’Europe ? Tout juste un peu moins de 0,05 % !
C’est assez dire le peu de crédit que la République va accorder aux revendications de la population domienne.
Soyons un peu objectifs : nos amis du MDES, d’une part, déplorent que la Guyane soit maintenue sous cloche. Par qui ? D’autre part, nos élus par le passé ont proféré des injonctions au développement, mais un développement qui impliquait qu’on laisse l’État vendre la Guyane à des consortiums étrangers. Ces mêmes consortiums qui ont fourni les preuves de ce qu’ils étaient capables d’accomplir en Afrique, notamment, mais aussi en Asie du Sud-Est : déforestation incontrôlée, populations déplacées en nombre, etc.
Qu’en dites-vous ? Mesdames et Messieurs du MDES, Messieurs nos ex-dirigeants, ne pensez-vous pas que la Guyane, et les Guyanais, surtout, attendent autre chose de vous que quelques ergoteries ? N’avez-vous jamais pensé à vous rencontrer, autour d’une table, sur ce que vous attendiez d’un véritable développement ? Mesdames et Messieurs du MDES, nous avons désormais une nouvelle équipe de dirigeants. Les Guyanais attendent de vous, MDES et décideurs, que vous vous asseyiez ensemble autour d’une table, afin de décider ce que vous entendez, les uns comme les autres, par sortie de « sous cloche » ? À commencer par un statut d’autonomie qui, sans rompre tous liens avec la France, nous permettrait de nous développer conjointement… Mais attention aux écueils qui ne manqueront pas de se dresser : Mesdames et Messieurs du MDES, nous ne nous contenterons plus de vous voir déployer un drapeau guyanais lorsque l’occasion vous est donnée de sortir de l’ombre où vous restez prostrés la plupart du temps.
Vous ne pouvez plus revendiquer l’apanage pour vous seuls de la qualité de Guyanais. Il vous faudra bien reconnaître que la qualité de Guyanais appartient à d’autres qu’à vous, qui ne vous suivent pas dès lors que vous ne leur prêtez pas de place parmi vous. Pour exemple, j’ai mal supporté de voir, récemment, aux obsèques d’un grand Homme businenge, le drapeau guyanais fièrement accueilli par un prêtre catholique et déployé par vous autres, Créoles, devant le cercueil de ce grand adepte de l’Obia… L’assistance avait-elle souhaité votre présence ? en quelle qualité ?
Vous devrez peut-être, à l'avenir, vous préoccuper moins ostensiblement de suprématie créole pour laisser un peu de place aux autres communautés de Guyane.
Mesdames et Messieurs nos actuels dirigeants, vous savez comme moi, comme nous tous, que le siège sur lequel vous êtes assis (regardez le sort réservé à vos prédécesseurs) est éjectable. Si vous ne voulez pas être « une équipe qui passe », il vous faudra faire vos preuves, en entamant avec la France des négociations pour un statut d’autonomie. C’est à ce prix que vous gagnerez votre légitimité à négocier avec tous les Guyanais un développement propre, respectueux des hommes et de l’environnement… et durable.
Okwadjani
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