Un lieu de sépulture amérindien découvert sur un chantier à Rémire
09/11/2021
De nombreux textes sont ici des citations tirées d'informations venant de France-Guyane, pour deux raisons : si l'avatar électronique de notre seul ex-quotidien papier l'a posé sur le net, c'est qu'il considère lui-même que c'est public.
Ensuite, le silence et le secret qui ont camouflé cette affaire sont vraiment par trop indignes d'une démocratie.
Un cimetière amérindien datant de la période pré-colombienne découvert sur la route de Rémire, mais des travaux de construction ont commencé. Alors, où sont passés les vestiges amérindiens retrouvés ?
La communauté amérindienne de Guyane demande aujourd’hui réparation. Eléonore Johannes, présidente du collectif des premières nations de Guyane, s’est rendue sur les lieux. Ce site est aujourd’hui un chantier dédié à la promotion immobilière. Or, c’est un lieu sacré pour les Amérindiens, un ancien cimetière placé dans une zone classée. Des fouilles préventives ont commencé en décembre, et se sont achevées en avril dernier. Des rapports périodiques révèlent la présence de 95 pièces exhumées par des archéologues. Des artéfacts liés aux urnes et aux rites funéraires, dont la traçabilité a été perdue !
Une terre rouge, une terre sacrée où se tenait il y a plus de 3000 ans probablement, à l’époque précolom-bienne, un cimetière amérindien aujourd’hui disparu pour cause de travaux. Une preuve irréfutable de la présence de l’homme sur notre territoire, il y a des milliers d’années. Eléonore Johannes, présidente du collectif des premières nations de Guyane est d’autant plus choquée, que la tradition n’a pas été respectée. La cérémonie funéraire, accompagnant l’enlèvement des artefacts n’a pas été organisée. Cette cérémonie doit permettre au cycle normal de la vie et de la mort de s'accomplir.
« Quand on enterre un mort il y a tout un cérémonial pour l'accompagner. Il y a des chants des danses, ceux qui l’ont connu témoignent et après nous devons l’accompagner dans l’autre monde. Encore une fois l’État français montre son mépris envers les peuples autochtones. La première chose qui devrait se faire lorsqu’il y a des fouilles archéologiques c’est de contacter les civilisations autochtones. Nous sommes les peuples premiers. Nous ne sommes pas invisibles, nous demandons le respect ».
(Éléonore Kadi Johannes, présidente du Collectif des Premières nations de Guyane).
Dans ces conditions, Le chantier devrait être stoppé car selon la législation, « lorsque le diagnostic atteste la présence de vestiges archéologiques dignes d’intérêt scientifique, le préfet de région adresse à l’aménageur un arrêté de prescription de fouille dans les trois mois suivant la réception du rapport de diagnostic »...
Kadi, la présidente du du collectif des premières nations de Guyane, a donc envoyé le courrier suivant au Maire de Rémire ainsi qu'à la Collectivité territoriale de Guyane :
À Monsieur le Maire de la commune de Rémire-Montjoly
Monsieur le Maire
À notre grande surprise, nous avons appris par l’intermédiaire de monsieur Eugène Epailly, docteur en lettres de sciences humaines, université d’Aix en Provence-Marseille et élu de votre commune, la découverte d’un cimetière Amérindien. Encore une fois, nous assistons au mépris des représentants de l’état français à travers ses services déconcentrés en Guyane à l’égard des premiers peuples ! Les organisations autochtones auraient dû être les premières averties de la découverte de ces sépultures importantes pour la connaissance de leur histoire qui ne se résume pas uniquement à l’arrivée de Christophe Colomb sur leurs terres et du génocide qui s’en est suivi.
Comment pouvez-vous imaginez que l’histoire des premiers peuples soit connue de tous et soit transmise aux générations futures si, consciemment, vous occultez ce passé, socle de l’histoire de la Guyane que vous dites multiculturelle.
Nous demandons le respect dû aux morts et également aux vivants. Comme tous les peuples de cette planète, nous honorons nos morts et leur rendons hommage par des rituels, des chants, des danses, des prises de paroles afin de leur montrer notre reconnaissance pour leurs luttes.
Nous demandons l’arrêt immédiat de ces travaux qui constitue un viol caractérisé de la mémoire de notre peuple et de nos ancêtres multimillénaires sur leurs terres. Nous exigeons que nous soient remis leurs dépouilles afin que nous puissions leur rendre un dernier hommage.
En espérant que nos demandes seront prises en compte, veuillez agréer, Monsieur le Maire, mes respectueuses salutations.
Éléonore Johannes
Présidente de l’association Culturelle Kalalawa
Présidente du Collectif des Premières Nations (CPN)
Membre de la Coordination des Organisations des Peuples Autochtones de Guyane (COPAG).
L'archéologie préventive, en effet, doit détecter et analyser des vestiges susceptibles d’être détruits par des travaux liés à l’aménagement du territoire. Les archéologues de l’Inrap interviennent sur décision de l’État, pour sauvegarder le patrimoine archéologique. Régis Issenmann confirme le cadre de cette intervention « C’est de l’archéologie préventive, la loi veut que l’Etat puisse décider ou non de faire des fouilles préventives surtout sur cette zone dite sensible. Nous sommes régis par le code de patrimoine, une fouille complète a eu lieu de mars à juin, par un opérateur archéologique. Après ces fouilles et inspection des lieux, l’Etat a donc autorisé la reprise des travaux.
Les conclusions du rapport d’analyse seront connues en 2023, le délai légal. Les vestiges amérindiens après avoir été analysés, étudiés, datés délivreront enfin leurs secrets. D'ici là, les travaux d'aménagement peuvent reprendre. En attendant, une cérémonie funéraire chamanique est organisée cette semaine afin de purifier les lieux.
Au vu de la hâte déployée par les services déconcentrés de l'État et des Pouvoirs publics, nul ne peut douter que le lotissement immobilier sera achevé et habité au moment de la publication du rapport d'analyse, en 2023.
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