VOUS N'AIMEZ PAS LES BANANES AU CHOCOLAT ?
18/11/2013
On n'en sortira donc pas ?
J'avais trouvé cela humoristique, il n'y a vraiment rien de grave, a déclaré Claudine Declerck, évoquant une « maladresse ». Du Banania, moi j'en ai chez moi et j'avais trouvé ça drôle, a-t-elle ajouté. Pour moi, c'était pas raciste, j'ai des amis noirs, jaunes (et chez moi, il y a des matoutous et des Teraphosas, NdTémoin)...
Ah, bon ? Et la mention « Taubira? Casse toi ! on t'a assez vu ! » c'est aussi amical, sans doute !...
On n'en finira donc pas ! Depuis « l'affaire des bananes » nos hommes politiques et leur écho les médias tentent de nous persuader que la France n'est plus un pays raciste, et même pour un peu on tenterait de nous faire accroire qu'elle ne l'a jamais été. On essaie de nous désigner des coupables fort minoritaires, on nous parle de « dérapages », accréditant par là même les thèses du FN qui tente de minimiser tout cela. Encore un « détail de l'Histoire » ?... Contemporaine, cette fois.
Après la candidate FN : « je préfère la voir dans un arbre... », puis les familles Lequesnoy mettant leurs enfants en porte-voix : « mange ta banane » et tant d'autres comme le torchon Minute, fidèle à lui-même, il nous manquait encore le Banania. C'est bon, pourtant, le Banania, j?en ai bu toute mon enfance. Mais cette fois il laisse un goût amer dans la bouche. Et, là, ce n'est plus une FN qui sexprime, non. Une candidate UMP. Vous savez, l'UMP, ce parti qui prétend lutter contre tous les extrémismes (mais surtout ceux de gauche, à ce qu'on dirait). Elle serait l'objet d'une mesure d'exclusion, d'après les déclarations de Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Il nous reste à guetter l'annonce dans les médias que cette radiation est effective. Attendons...
Alors, arrêtons l'angélisme-consensus-langue de bois. Si l'on ne se décide pas à mettre en mots, en mots vrais, le processus auquel nous assistons en ce moment, cela va continuer. Et s'amplifier. Pour Yamina Benguigui, Ministre chargée des Français de l'étranger et de la Francophonie, « depuis les années 70, il y a un racisme pernicieux, insidieux, invisible. Trente ans après, ce racisme est frontal, il est direct, il s'assume, il est décomplexé. [Il] est visible, c'est ça qui est nouveau, a déclaré la ministre. Finalement je suis contente que ça devienne visible parce que la loi va s'appliquer et cette femme de l'UMP, non seulement elle devrait être radiée [...] mais surtout elle doit être condamnée car c'est du lynchage verbal ». En espérant que la Ministre ne prêche pas dans le désert.
Si l'on regarde bien, il y a plusieurs niveaux de racisme. Et, pour faire court, je nommerai génériquement « racisme » tout ce qui relève de la haine ou du rejet de l'Autre :
1- Un racisme assumé. Parmi ses adeptes on trouvera aussi bien des élites négationnistes que des membres d'une certaine classe populiste prête çà se ruer sur le premier « différent » venu. Là sont désignés les « bougnoules », les clandestins et autres rastacouères.
2- Un racisme dit « décomplexé ». L'appellation me semble pertinente, car les personnes adoptant cette forme d?expression de rejet ne se le seraient sans doute pas permis il y a quelques années. Il importera de correctement identifier les raisons de cette nouvelle représentation d'une pseudo liberté d'expression poussée jusqu'à d'écœurants confins.
3- D'autant plus qu'il reste une frange de population au sein de laquelle le racisme reste latent mais n'attend que l'occasion de « se décomplexer ». C'est donc sans doute ce qui ne manquera pas de se produire si l'on continue de se voiler la face et que l'on ne se donne pas la peine d'analyser les vraies raisons de ce phénomène.
Oui, il y a des personnes racistes en France. Oui, il y a des personnes qui nient l'humanité de l'Autre en le déclarant clandestin ou illégal. Comment un être humain pourrait-il être illégal ?
En attendant, la loi doit s'appliquer et l'on ne doit plus accorder le moindre droit à de telles transgressions. Ces lois contre toutes les exclusions contre le négationnisme, contre la tenue de propos à caractère raciste ou xénophobes sont emblématiques des valeurs de la République.
Il faudrait également que des personnes politiques, de droite comme de gauche, arrêtent de déraper.
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