NE PAS CONFONDRE : CULTURE ET PROSÉLYTISME...
26/12/2014
C'est une saga diffusée sur Arte qui m'a mis en colère. Mais bien fort. Ce, d'autant plus que je pense habituellement que cette chaîne est pratiquement la seule du Paf à pouvoir nous sauver de la médiocrité ambiante.
De quoi s'agissait-il ?
The Bible du History Channel, Mark Burnett et Donna Rowney se sont fait plaisir par un propos tellement simplificateur, tellement rapide, tellement confus, qu'il n'apporte, au final, que la nausée.
À l'arrivée, Burnett et Downey nous livrent une succession de clips promotionnels, aux relents républicains et conservateurs. Le casting est majoritairement blanc, en dehors de quelques locaux (la série a été tournée en grande partie au Maroc) mais dont la fonction se résume soit à être tournés en ridicule, soit à faire le mal, comme le personnage de Satan.
Á propos du personnage de Satan, vous ne trouveriez pas une certaine ressemblance avec... (mais ce n'est pas moi qui ai relevé cette ressemblance-là, la polémique s'en est emparée dès la sortie de la série outre-Atlantique, en 2013).
Mais passons plutôt à l'iconographie... Lorsqu'on dit quelque chose, l'on ne dit pas autre chose et, de même, lorsqu'on montre quelque chose, on ne montre pas autre chose...
J'explique :
On ne rencontre, par exemple, que très peu de femmes avec des rôles déterminants. L'histoire du Nouveau Testament a pourtant su leur faire une place, mais The Bible choisi de se concentrer sur les hommes. Autre point de discorde entre l'original et la fiction, l'édulcoration systématique de tout ce qui pourrait porter atteinte à l'image du christianisme, le tout assaisonné d'une sauce hollywoodienne un peu cheap : cascades ridicules, effets spéciaux pour le moins douteux et acteurs qui scandent leur texte façon théâtre au rabais. La mini-série n'est qu'un vulgaire outil pour étaler le prosélytisme de ses créateurs. Ultime ratage, The Bible, à défaut de construire une narration riche (ce que permettait le matériau d'origine) et de développer des personnages avec des motivations et des sentiments plutôt que de les cantonner à une utilité qui ne sert que le récit, ne nous offre qu'une compilation, une sorte de best-of appauvri d'une des plus grandes histoires de tous les temps.
Quelques figures marquantes de la série :
Regardez comme il est beau, le Sémite le plus célèbre de l'histoire : les cheveux d'un vrai blond vénitien, les yeux bleu-lagon, nous souffrirons avec lui lorsque, recouvert d'hémoglobine comme il se doit au cinéma américain, il sera mis en croix...
Et Jean, dit Le Baptiste, un bon gars comme chez nous, dans l'air du temps avec ses dread locks, certes, mais pas arrogant pour deux sous... bref, un jeune qui se serait bien inséré dans la société s'il n'avait pas vécu 2000 ans trop tôt...
Et, cerise sur le gâteau : Marie, qui force notre admiration : même blond vénitien que son fils les mêmes yeux transparents si bleus à force de regarder le monde à travers ses larmes, voyez comment la Mater Dolorosa a su prendre soin de son apparence malgré la dureté de son existence de petite servante juive qui a dû faire toute sa vie des ménages ou aller travailler aux champs... Pas une ride, lèvres pleines (botoxées ?), coiffure apprêtée et boucles en ordre...
Enfin Judas, le seul qui n'ait pas les yeux bleus... Vous avez vu, le regard qu'il jette à Jésus ? et les commissures de ses lèvres qui tombent en un mauvais rictus ? Je ne serais pas autrement étonné s'il finissait par le trahir...
Vous l'aurez compris, toute cette « bien-pensance » manichéenne me donne envie de vomir (contrairement à la bûche de Noël que j'ai mangée hier avec mes filles et qui était délicieuse).
Les meilleurs parmi les gentils sont blonds aux yeux bleus, les méchants (Judas, Satan...), peau sombre, au regard noir, ont bien l'air de ce qu'ils sont. Nous sommes bien là dans une vision arianisante de la religion dominante. À ce stade, elle n'est plus un patrimoine culturel mais un élément de propagande au service d'une vision racialement nivelée de la société.
Pour faire une bonne adaptation télé, on peut prendre des libertés avec l'œuvre originale, on peut jouer (un peu) avec le scénario mais on ne peut pas en détourner les codes. Cette série n'est qu'un vulgaire outil pour étaler le prosélytisme de ses créateurs.
Un avantage se trouve ici : le mécanisme de mise en place d'une propagande est clairement exposé...
ARTE, My God !
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