STRATÉGIE RÉGIONALE DE SPÉCIALISATION INTELLIGENTE 2021/2027- La Chronique d'Olson (24)
27/07/2021
Dans le cadre de la programmation 2021-2027 des fonds européens, l’Union européenne demande à toutes les régions d’élaborer une stratégie de spécialisation intelligente, (smart specialisation strategy), pour la recherche et l’innovation sur leur territoire. Son principe est simple : chaque région doit concentrer ses ressources sur les domaines d’innovation pour lesquels elle a les meilleurs atouts par rapport aux autres régions européennes.
Cette stratégie se construit prioritairement au travers de l’examen de voies de spécialisation au sein des bureaux des DAS (Domaines d’Actions Stratégiques) mis en place par la région, mais aussi au travers de séminaires inter-régionaux ou actions spécifiques de l’UE destinées à certaines régions, dites en transition.
Dans cette stratégie régionale sont retenus des domaines d’actions stratégiques auxquels viennent s’ajouter des pistes de spécialisation intelligente, considérées comme prioritaires qui seront ainsi proposées à l’Europe pour mobiliser des fonds européens FEDER, au bénéfice des entreprises et laboratoires.
Mais ce n’est pas fini. Pour chacun des DAS (rappelez-vous : domaines d’actions stratégiques), est mis en place un Bureau composé des représentants de l’État et du Conseil Régional, des représentants du monde académique, de HDFID, de l’ADEME, des pôles d’excellence et de compétitivité, des organisations consulaires, des incubateurs, des sites d’excellence et parcs d’innovation, des centres de transfert de technologie, des représentants des organismes de formation et des territoires tête de réseau identifiés dans le SRADDET. Chaque DAS se dote d’une feuille de route commune, s’organise pour préciser ces spécialisations, déterminer les segments et marchés porteurs, identifier les formations en lien avec ces secteurs, identifier les projets et au final susciter des collaborations entre les acteurs.
Les bureaux de ces DAS sont à comprendre comme de véritables « usines à projet » pour les entreprises et les laboratoires, capables de mobiliser les fonds régionaux, nationaux et européens et susciter des lauréats aux AAP lancés par ces instances, bref en un mot œuvrer à la transformation économique et sociale du territoire régional.
Vous savez tout à présent du plan européen de « spécialisation intelligente ». Voyons donc comment une telle usine à gaz pourrait fonctionner en Région Guyane...
Partons d'un point de vue : la Guyane n’est pas une île !
Posons une équation : pays réel Vs pays fictif/légal = 0
Développons : d’Est en Ouest, des disparités psychosociales sont incontournables et rebelles à toutes perspectives globalisantes, notamment envers tout ce qui concerne une participation citoyenne éclairée ou innovante mais considérée comme amalgamante voire solvante par assimilation pour des populations locales traditionnelles, qu'elles soient frontalières ou autochtones.
Sachant que (pour rappel) 70% n’a pas 25 ans, que 90% est allophone, dans l’initiative et la transmission comme dans la vie quotidienne. Tous sont dans une dépendance totale bien que consentie du système redistributeur (RSA, allocations diverses) qui entretient les disparités voire des discriminations sociales importantes notamment d’une rive à l’autre des fleuves frontaliers.
La République en Guyane : un système qui peine à se débarrasser des bâtons dans ses roues. Parce que...
- C'est un système peu enclin à d’authentiques rapports partenariaux (Dans l'éducation, la santé/environnement, les langues, les cultures, la transition écologique ;
- C'est un système qui peine à regarder les contraintes des écosystèmes, de la biodiversité, du changement climatique, etc.) ;
- C'est un système qui méconnaît sciemment les réalités culturelles diverses, notamment les survivances des héritages autochtones ou du marronnage ;
- C'est un système qui ne tire aucune leçon de ses erreurs passées : ses faillites diverses et quasi-chroniques (projets miniers, pâte à papier, forages pétrolifères, etc.) des dizaines d’explorations vouées à l’échec dont les populations gardent d’infinis exemples incontestables et toujours générateurs de méfiance ;
- C'est un système qui subit une immigration anarchique et quasi ininsérable (Caraïbe ou autres) car il ne sait y répondre que par une politique assimilationniste aliénante.
- C'est un système qui pense acheter la paix sociale au moyen d'un consumérisme qui paralyse les initiatives du pays réel, créant d’effroyables disparités avec les marchés voisins (Caricom ou Mercosur), figeant ainsi des classes sociales artificielles qui se marginalisent et partant, se radicalisent dangereusement.
Une dernière réflexion : la formation comme la recherche, d'ailleurs, sont en pleine expansion, mais placées essentiellement entre les mains des institutions métropolitaines. Les rapports avec les universités voisines sont quasi inexistants. Lesdites institutions, aveugles aux réalités d’une spécialisation intelligente et décentralisée négligent transports et infrastructures et maintiennent toutes initiatives dans la dépendance des Fonds européens, à la longue synonymes de gâchis et de gabegie.
Ainsi, innover serait imaginer une participation citoyenne non dissolvante et non polluante du pays réel, qui garderait pour finalité le souci unique d'un avenir commun
Une stratégie régionale d’innovation sociale et de spécialisation intelligente en Guyane ? Cela nous changerait de la spécialisation stupide consistant depuis des années à se soumettre aux diktats centralisés pour mieux demander à genoux des mesures dérogatoires. Ce serait donc celle d’un pays à décoloniser…
O.Kwadjani
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