SURINAME : QUAND CE QUI DEVAIT ARRIVER ARRIVE
21/02/2023
Des milliers de personnes se sont rassemblées depuis jeudi et principalement vendredi 17 février dans le centre-ville de Paramaribo, capitale du Suriname, aux abords de l’Assemblée nationale et du Palais présidentiel. Elles sont venues réclamer le départ du président Chan Santokhi, dans un contexte de forte crise économique et d’inflation.
Depuis des mois, la situation économique ne cesse de se dégrader, amenant la population au seuil de la crise. La monnaie est en chute libre, proche du seuil des 35 dollars-Suriname pour 1 euro. Pour rappel, le salaire moyen mensuel est de 528 SRD (dollars du Suriname), ce qui correspondent désormais à moins de 15 euros par mois. Mais il faut préciser ici que le salaire de certaines catégories de population, notamment des fonctionnaires, est passé récemment de 500 SRD à 300 SRD. On peut dès lors, se demander de quelle façon est calculé ce fameux « salaire moyen mensuel », et qui gagne au-delà de 700 SRD pour arriver à cette moyenne.
Sans revenir sur ce qui a déjà été écrit dans nombre de médias, il faut rappeler ici que la flambée des prix se fait de plus en plus dure et atteint un niveau insupportable pour une grande partie de la population. Plus rien n’arrive, plus rien ne se fabrique dans le pays qui est vraiment au bord de la faillite.
Précisons simplement que les manifestants se sont mobilisés pour dénoncer un plan du gouvernement visant à réduire les subventions sur des produits essentiels comme le gaz, le carburant et l’électricité. Précisons en outre que ce train de mesures comprenait également un alour-dissement de la TVA.
Alors, oui, les manifestants s’en sont pris aux bâtiments institutionnels, oui, ils se sont introduits à l’intérieur de l’Assemblée nationale. Mais dites-moi, cette assemblée n’est-elle pas le dernier refuge du peuple lorsqu’aucune réponse n’est donnée à ses questions ? Après des mois de chute libre de la monnaie, après des années d’inflation, après l’arrêt quasi complet de l’activité économique, quelles réponses donne le gouvernement Chandrikapersad Santokhi, quels signaux envoie la communauté internationale ?
1. Le président du Suriname s’est rendu aux Bahamas à l'occasion du sommet des pays de la Communauté Caribéenne, la CARICOM. Dans un communiqué de presse, ladite institution a condamné les actes de violence au Suriname et les tentatives de déstabiliser le gouvernement. On le voit, outre le fait qu’une telle intervention ne peut aucunement mener à l’apaisement, elle rappelle des modes d’intervention déclarative proches de ceux d’une Françafrique pas encore défunte…
2. Le Suriname est sous perfusion d’un plan de sauvetage du FMI (Fond Monétaire International) qui demande au gouvernement de réduire les dépenses. En supprimant les subventions sur les carburants, l'électricité et le gaz, le gouvernement espère réaliser des économies de 56 millions d’euros par an. Mais force est de constater qu’une fois encore, c’est le peuple qui paie la dette contractée, et non pas les dirigeants dont le mode de gouvernance corrompue qui en sont les responsables.
3. Désormais, pour les livraisons au Suriname, les compagnies pétrolières SOL et Rubis exigent le paiement anticipé, et vraisemblablement d’autres entreprises suivront. Mais que dit le Droit international à ce propos ?
4. Un couvre-feu, de 18h00 à 6h00, a été décidé à Paramaribo « jusqu’à nouvel ordre » et Telesur, le principal fournisseur d’accès internet au Suriname a coupé tout accès aux réseaux sociaux, ce qui ne s’était jusqu’alors jamais vu dans le pays.
Force est de constater ici que si l’on ne souhaite pas donner des réponses au peuple, le meilleur moyen est de l’empêcher de poser ses questions.
La vidéo de la journée du 17 février 2023
Jusqu’ici, la question pouvait se poser de savoir si Albina était un quartier de Saint-Laurent-du-Maroni… ou l’inverse, le fleuve n’étant qu’une rivière partageant en deux un même pays…
Wan kondre, wan foluku, wan tongo : un pays, un peuple, une langue.
Cassandre pourrait nous annoncer que, sans changement sociétal profond, le risque d’un afflux de population semblable à celui de 1986 pourrait bien transformer cette idée en réalité. La preuve serait alors faite que nous ne pourrions plus confondre la carte et le territoire.
Okwadjani
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